Dédiée à la Vierge Marie dans sa fête de l’Assomption, la cathédrale d’Amiens n’en est pas moins le sanctuaire où sont vénérés les saints du diocèse d’Amiens. L’arrivée accidentelle de la relique de la face de saint Jean Baptiste dans la cathédrale en 1206 ne remit jamais en cause la primauté des saints locaux : saint Firmin le Martyr, saint Firmin le Confesseur, saint Honoré et quelques autres. Leurs figures sont d’ailleurs toutes présentes au grand portail de la cathédrale, dans la porte de Saint-Firmin, cas précoce d’un portail de cathédrale entièrement consacré aux saints d’un diocèse.

La tribune aux reliques

Depuis l’achèvement de la cathédrale gothique et la mise en fonction liturgique du chœur vers 1291, les reliques des saints du diocèse étaient disposées dans des châsses d’orfèvrerie sur la tribune aux reliques établie juste derrière le maître-autel, dans le sanctuaire de la cathédrale. Ce monumental édicule gothique en pierre, où étaient pratiquées des niches, subsista jusqu’au milieu du XVIIIe siècle. On y montait par deux petits escaliers qui permettaient d’atteindre les reliquaires. Dix corps saints étaient abrités dans huit châsses différentes. Dans la partie centrale s’élevait la châsse en or de saint Firmin le Martyr ; à sa droite et à sa gauche, mais plus bas, étaient les châsses en argent doré de saint Honoré et de saint Firmin le Confesseur. À leurs côtés étaient la châsse en argent des saints Ache et Acheul, celles de saint Domice (en argent), de sainte Ulphe, de saint Fuscien et des saints Warlus et Luxor (en argent doré). Tous ces reliquaires faisaient partie intégrante du trésor.

La vénération des reliques

En temps ordinaire, ils étaient couverts de textiles précieux que l’on ne retirait qu’aux principales fêtes de l’année. À cette occasion, un riche luminaire de cire était allumé, faisant resplendir de mille feux les précieuses orfèvreries. Fidèles et pèlerins ne pouvaient entrer dans le chœur qu’à de très rares occasions, voilà pourquoi la vénération des corps saints s’effectuait depuis les bas-côtés du chœur et le déambulatoire, en particulier lors des fêtes des saints. Les clôtures sculptées des vies de saint Firmin et des saints Fuscien Victoric et Gentien, refaites aux XVe et XVIe siècles, apportaient un support visuel aux pèlerins liés évidemment à la vénération des reliques en ces lieux.

À certaines occasions les châsses étaient emmenées en procession dans les rues de la ville ou au sein du diocèse. Lors des processions générales les corps saints parcouraient la ville, portés par divers corps de métiers ou des jeunes gens issus de la bourgeoisie. La châsse de saint Honoré, patron des boulangers, était particulièrement sortie en procession lors des crises frumentaires ou climatiques.