Châsse de saint Fursy, première moitié du XIVe siècle. © Hervé Lewandowski. Centre des monuments nationaux

Châsse de saint Fursy

Première moitié du XIVe siècle, en partie restaurée au début du XVIe siècle, Picardie
Argent et argent doré sur âme de bois, cuivre doré
H : 12,5 cm ; L : 19 cm ; P : 6,2 cm
Classée au titre des Monuments historiques le 31 mai 1897
Propriété : commune de Gueschart

Cette petite châsse provient de l’église de Gueschart consacrée à saint Fursy, saint missionnaire d’origine irlandaise, fondateur du monastère de Lagny et de celui de Péronne où il fut inhumé vers 649. Une inscription dédicatoire en lettres capitales attribue sans équivoque l’initiative de sa réalisation à Jehan de Gayssard, originaire de Gueschart, maître en théologie, qui fut également chanoine de la cathédrale d’Amiens entre 1309 et 1328 et desservant de l’église susdite : « MAISTRES JEHANS LI GRANS DE GAYSSART MAISTRES DE [D]EVINITE DOUNAT CHESTE SAINTUAYRE A LEGLISE DE GAYSSA[RT] » ; les reliques du saint abritées dans le reliquaire sont également explicitement mentionnées par l’inscription : « + DE OSSIBUS PULVERIBUS ET SUDARIO BEATI FURSEY ».

De forme rectangulaire, la châsse supportée par quatre petits lions couchés en cuivre doré est couverte d’un toit en bâtière surmonté d’une crête ajourées en argent doré. Des feuilles d’argent repoussé et doré par endroits, clouées sur une structure en bois, recouvrent en totalité ses parois, les quatre faces étant enrichies de scènes et de figures en faible relief.

Sur la face antérieure, le rampant est percé de trois petites fenêtres rectangulaires, fermées par un cristal, laissant entrevoir les reliques que des authentiques, rédigées en cursive du XIVe siècle, identifient comme étant comme celles de Fursy, du bienheureux Laurent de Canterbury († 619) et de saint Léger d’Autun († 679). Au niveau inférieur, décoré d’un fond losangé fleurdelisé, est représentée la translation miraculeuse du saint à Péronne relatée par sa Vita : sa dépouille ayant été revendiquée à la fois par Erchinoald, maire du palais de Neustrie, Haymon, duc de Ponthieu et Berchaire comte de Laon, il fut décidé de la déposer dans un chariot attelé à deux taureaux sauvages afin que le saint détermine son lieu d’inhumation, symbolisée ici par la porte fortifiée de la ville. Les fleurs de lys pourraient faire écho à la translation des reliques du saint qui eut lieu à Péronne en présence de Saint Louis en 1256. Sur l’autre face, se détache sur un fond orné d’amples rinceaux, le donateur agenouillé offrant au saint revêtu de ses habits pontificaux, crossé, mitré et bénissant de la main droite, la châsse qu’il s’apprête à déposer sur l’autel. Les deux pignons comportent respectivement sur un fond quadrillé de fleurettes et sous un arc trilobé une Vierge à l’Enfant en majesté et un Christ assis sur un arc-en-ciel et montrant ses plaies.

Réalisée au XIVe siècle, la châsse porte la trace d’une restauration effectuée au tout début du XVIe siècle ainsi qu’en témoigne le style des rinceaux se déployant sur toutes les parois, à l’exception de la face accueillant l’épisode de la translation. Sur le fond rénové, les figures qui ornaient les plaques d’argent du XIVe siècle ainsi que l’inscription de dédicace ont été découpées et réappliquées avec des clous. C’est probablement à cette époque que furent exécutées sans soin les trois ouvertures permettant de visualiser les reliques. L’un des lions en cuivre doré a été refait et la crête ajourée pourrait avoir été rapportée plus tard, au XIXe siècle.

Bibliographie

  • Jules Corblet, Hagiographie du diocèse d’Amiens, t. II, Amiens-Paris, 1870, p.232-298, en part. p. 271
  • Georges Durand, « la châsse de Saint-Fursy, à Gueschart (Somme) », Bulletin archéologique du Comité des travaux historiques et scientifiques, 1890, p. 42-45.
  • Marine Plouvier, Les orfèvres de Picardie, Laon, 2019, p. 115-117.

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