L’histoire du trésor est indissociable de celle de la relique de saint Jean Baptiste. Le chef (ou face) de saint Jean a été rapporté de Constantinople en 1206.

Pour les chrétiens, Jean le Baptiste, le dernier des prophètes, occupe une place bien particulière. Appelé le Précurseur, il annonce la venue du Christ. La parole de vérité qu’il s’est attaché à proclamer le mènera à la mort en provoquant la colère d’Hérode Antipas, gouverneur de Judée. Il lui reprochait son mariage avec Hérodiade, femme de son demi-frère Hérode. Salomé, la fille d’Hérodiade, réclama à Hérode la tête de Jean Baptiste, qui lui fut portée sur un plateau.

Les premières tribulations de la relique

Après la décollation, le corps de Jean Baptiste fut inhumé par ses disciples. La tête fut remise à Hérodiade et cachée au palais d’Hérode à Jérusalem. C’est dans ce palais que le chef fut découvert au IVe siècle par des moines. La destinée de la relique est ensuite assez difficile à établir pendant plus d’un siècle. Le chef fut transféré à Émèse, en Phénicie, où il fut retrouvé en 453. Les moines d’Émèse se retirèrent à Comanes où la relique fut cachée pour éviter la persécution des iconoclastes. En 850, l’empereur Michel III fit amener la relique à Constantinople au palais impérial où elle fut l’objet d’une vive piété. Du Cange pense que c’est en 1025 que la relique fut divisée ; une partie resta au monastère Saint-Jean-Baptiste de Stoudios et l’une autre, la plus belle, fut donnée à l’église Saint-Georges de l’Arsenal.

Un « pieux larcin »

Lors de la IVe croisade, les Croisés prirent Constantinople le 12 avril 1204. Parmi les ecclésiastiques qui avaient accompagné les guerriers picards se trouvait un chanoine de la collégiale Saint-Martin de Picquigny nommé Walon de Sarton. Il s’attacha comme beaucoup d’autres à recueillir les reliques des saints, non pas pour les profaner mais pour les honorer. Certains y voyaient en effet un « pieux larcin » car il s’agissait de dépouiller les églises schismatiques d’Orient au profit des églises romaines d’Occident.

Le 8 septembre 1206, étant venu assister aux vêpres à l’église Saint-Georges, Walon de Sarton découvrit plusieurs reliquaires dont un renfermait la face de saint Jean Baptiste. La relique était placée dans un grand plat d’argent qu’il cassa afin de pouvoir emmener la relique. Il embarqua pour Venise le 30 septembre et arriva en Picardie dans les semaines qui suivirent.

Le 17 décembre 1206, l’évêque Richard de Gerberoy, entouré de son clergé et d’un peuple innombrable, reçut le chef de saint Jean Baptiste dans la cité épiscopale.