Fragment de statue de sainte en pierre polychromée, dernier quart du XVe siècle. © Hervé Lewandowski. Centre des monuments nationaux

Tête de sainte (fragment de statue)

Dernier quart du XVe siècle, Picardie
Pierre polychromée
H : 23, 5 cm
Classée au titre des Monuments historiques le 21 mars 1967
Propriété : État

Cette tête, grandeur nature, d’une sainte en pierre polychromée attire l’attention par la finesse de sa facture : le modelé délicat des traits exprimant une douce mélancolie, le haut du front dégagé, les yeux mi-clos soulignés de fins sourcils, la carnation pâle, rehaussée de rouge sur les joues et les lèvres, l’ondulation de la chevelure dorée, invitent à en situer la réalisation à la fin du XVe siècle. La coiffe à godrons en forme de calotte posée sur le voile exclut de reconnaître ici une image de la Vierge.
Cette tête provient sans nul doute possible d’une des nombreuses statues conservées dans l’ancien cimetière Saint-Denis qui furent privées de leur tête lors de la Révolution. Cette sculpture fut associée à la statue de la Vierge, connue sous le vocable de Notre-Dame de Bon-Secours, qui était jadis conservée dans le cimetière Saint-Denis sous une arcade du cloître. Considérée comme miraculeuse, cette image fut l’objet d’une si grande dévotion qu’il fut décidé de lui consacrer en 1715 une petite chapelle qui prit place à l’extrémité méridionale du cloître. Un acte notarié établi en 1845 mentionne explicitement, parmi les objets mobiliers de l’ancienne chapelle Notre-Dame de Bon-Secours, ayant échappé aux destructions de 1793, « le chef ou la tête d’une statue de la Vierge provenant de l’ancienne chapelle de ce nom, établie autrefois dans l’ancien cimetière Saint-Denis d’Amiens ». Cependant à la lecture d’un inventaire de 1781 qui décrit près de l’autel de la chapelle une Vierge à l’Enfant en bois peint, on serait en droit de contester l’hypothèse que la tête en pierre conservée dans le trésor provienne de la statue en bois de la Vierge dont les fidèles imploraient le secours bien avant la Révolution. Identifier la tête qui nous est parvenue à l’image sculptée, si hautement vénérée, de Notre-Dame de Bon-Secours permettait d’en perpétuer le souvenir. Jusqu’en 1914, à l’occasion de la messe annuelle de la fabrique des saieteurs-hautelisseurs, célébrée à la cathédrale, la tête de la statue était exposée dans le sanctuaire. Une photographie de cette époque la montre réunie à ce qui simule un corps que l’on a revêtu d’une longue robe blanche.

Bibliographie

Archives départementales de la Somme, D. 42
Archives diocésaines d’Amiens, dossier Notre-Dame de Bon-Secours
Jules Corblet, Hagiographie du diocèse d’Amiens, t. IV, Amiens-Paris, 1874, p. 455
G. Durand, « Le cimetière Saint-Denis à Amiens », Bulletin de la Société des Antiquaires de Picardie, 1926, t. XXXII, p. 180-332, spéc. p. 315.

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