Ostensoir de l’orfèvre Joseph Armand-Calliat, 1919. © Hervé Lewandowski. Centre des monuments nationaux

Ostensoir

1919
Argent, cristal, or, émaux champlevés et cloisonnés, nielles et pierres précieuses
Œuvre de l’orfèvre Joseph Armand-Calliat
H : 70,8 cm ; Base : 22,8 cm
Propriété : Association diocésaine d’Amiens

Poinçon de l’orfèvre Joseph Armand-Calliat, 1901-1924
Poinçon de garantie du 1er titre d’argent, à partir de 1879

Un ostensoir est destiné à recevoir dans sa lunule une hostie consacrée qui est ainsi exposée à l'adoration des fidèles. Reposant sur un pied, il adopte le plus souvent une forme de soleil.  
Ici, la gloire est formée d’un disque crucifère augmenté de quatre rayons émaillés dans des tonalités très douces. Les intervalles sont remplis par des rinceaux ajourés. La lunette, destinée à recevoir la sainte hostie, est entourée de la chaîne d’or que portait un jeune soldat mort en 1916 dans la Somme. Elle est entourée de l’Agneau triomphant soutenant le monogramme du Christ et d’une étoile de diamants. L’Agneau porte le chrisme émaillé en rouge. Dessous, un palmier mène à une tige ornée de deux anneaux émaillés. Le haut du pied est décoré de pierres et de motifs végétaux épanouis. Des pierres (diamants, saphir, rubis, turquoise, perles, opales, topazes) parsèment l’ensemble de l’ostensoir. Le pied orné des lapis-lazuli du chapelet du défunt repose sur quatre formes végétales. Sur la pente, des fleurs épanouies alternent avec quatre médaillons en émail translucide, l’éducation de Saint Louis, la mort de Saint Louis, saint Augustin éducateur et l’enfance du Christ y sont représentés. L’inscription qui court sur le bord rend hommage à ce soldat mort pendant la Grande Guerre : « AUGUSTUS DERIARD ET MARIA GOURDIAT GONINDARD / LUGDUNENSES UNICO FILIO LUDOVICO NATALI XX AN. NATO /  IN ACIE INTEREMPTO MAUREPAS X. OCT. MCMXVI. / DIVINAE HOSTIAE LUCI UNICAE TESTIMONIUM AMORIS ». Cet imposant ostensoir a en effet été offert en 1919 à la cathédrale d’Amiens par les parents de Louis Dériard (1896-1916), jeune homme tué lors de la bataille de la Somme, à Maurepas, le 10 octobre 1916, pour commémorer le sacrifice de leur fils unique. Ils en confièrent la réalisation à l’orfèvre lyonnais Joseph Armand-Calliat (1862-1939). L’orfèvre se libéra des modèles toujours répétés de l’orfèvrerie pour livrer une création personnelle et inspirée. Cette pièce d’orfèvrerie, constellée de pierres précieuses extraites de la cassette familiale, est sans conteste un émouvant poème dédié à l’Eucharistie et au souvenir d’un fils mort au champ d’honneur, hostie pour Dieu et pour la Patrie.

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