Chapelle de l’orfèvre Placide Poussielgue-Rusand, 1873-1879. © Hervé Lewandowski. Centre des monuments nationaux

Chapelle (calice, patène, ciboire, plateau, burettes et sonnette)

1873-1879
Argent, émaux champlevés, nielles, filigranes et fausses pierres
Œuvre de l’orfèvre Placide Poussielgue-Rusand (1824-1889)
H calice : 27 cm ; D patène : 16,5 cm ; L plateau : 31 cm ; l : 19 cm ; H burettes : 16,3 cm ; H sonnette : 12 cm
Propriété : Association diocésaine d’Amiens

À partir des années 1850 s’installe un monopole des centres parisien et lyonnais pour la production et la diffusion d’objets liturgiques. Paris l’emporte assez largement jusqu’aux années 1880 avec des orfèvres tels Poussielgue-Rusand, Thierry, Demarquet... Lyon la dépasse au tournant des XIXe et XXe siècles grâce au succès extraordinaire des maisons Armand-Calliat, Fabre et surtout Favier frères. L’abondance des pièces conservées montre le désir de nouveauté.

Cette chapelle reproduit un modèle créé par Poussielgue-Rusand pour le sacre en 1850 de l’évêque de Moulins, le marquis de Dreux-Brézé. L’ensemble a été montré à l’Exposition Universelle de Londres en 1851 et a connu un grand succès. Celle d’Amiens a été offerte à Mgr Bataille (évêque d’Amiens de 1873 à 1879) à l’occasion de son sacre. L’orfèvre s’inspire de modèles médiévaux variés, tout en utilisant de nouveaux procédés de fabrication, plus rapides à mettre en œuvre. Cet ensemble présente une abondance d’émaux champlevés, de filigranes fondus et de cabochons qui fait directement référence aux somptueuses créations du « gothique international » du XIVe siècle. Les pieds du calice et du ciboire sont polylobés. Des lobes sortent des dragons dont les queues se regroupent autour des tiges. Les lobes sont ornés d’émaux représentant des scènes de l’Ancien Testament (Le raisin de Canaan, Moïse et le serpent d’Airain, Moïse frappant le rocher et la Pâque juive). Les deux nœuds présentent dans des médaillons les quatre évangélistes sous leurs formes allégoriques : un ange ou un personnage ailé pour saint Matthieu, un aigle pour saint Jean, un taureau pour saint Luc et un lion pour saint Marc. Les fausses-coupes présentent également des médaillons émaillés sur lesquels apparaissent des épisodes du Nouveau Testament (la Cène, la Crucifixion, la Déposition de croix et l’Incrédulité de saint Thomas). Un motif de treillis recouvre le couvercle du ciboire. Des médaillons émaillés formant un quadrilobe représentent les grands prophètes Isaïe, Ezéchiel, Jérémie et Daniel. Une croix posée sur un globe termine l’ensemble. Le centre de la patène est orné d’un disque émaillé où est représenté l’Agneau dont le sang s’écoule dans un calice. Il porte un nimbe crucifère et tient l’étendard. Autour de ce motif figure l’inscription « Panis vivus-Agnus Dei ». Le plateau est orné de filigranes et de cabochons. Sur les burettes se trouvent un décor de filigranes et des médaillons émaillés représentant Isaïe et Ezéchiel sur la burette à vin et Jérémie et Daniel sur la burette à eau.

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