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- Antependium orné d'une Madeleine pénitente
Antependium
XVIIe siècle
H : 91 cm ; L : 171 cm
Classé au titre des Monuments historiques le 4 janvier 1915
Propriété : commune de Longueau
Un antependium orne le devant d’un autel pour le masquer ou le décorer. Il s’agit souvent d’une toile de lin, de satin ou de velours aux décors réalisés en broderies de laine, de fils d’or ou d’argent.
L’antependium de Longueau est en soie brodée de fils de laine colorés et de fils d’or, le tout agrémenté de perles. Ce travail de broderie est attribué aux Ursulines d’Amiens. Ces religieuses fondèrent leur couvent à Amiens en 1614. Madeleine Varin, fille du peintre Quentin Varin (1575-1626), moniale du couvent, y introduisit le goût des arts par la réalisation de broderies à l'aiguille en fils d'or et d'argent, en soie et en laine.
L’antependium est parsemé de fleurs. Roses, tulipes, œillets, pivoines entourent un médaillon ovale formé d’un épais cordon et d’une guirlande de corolles à laquelle pendent deux glands et un ruban noué. La scène centrale, véritable peinture à l’aiguille, représente sainte Marie Madeleine pénitente. On notera l’usage prédominant des fils de laine et l’obtention d’effets de reliefs par de légers rembourrages localisés. Des points de soie brillants sur les laines mates soulignent notamment les plis des vêtements de la sainte. La peinture à l’aiguille est le nom donné à la technique du passé empiétant lorsque les fils sont si fins qu’ils donnent l’impression d’une peinture.
Marie Madeleine adossée à un arbre désigne un crâne tandis qu’un ange vient la visiter. Au XVIIe siècle, après le Concile de Trente, en réponse à la Réforme protestante, les représentations de la pénitence de Marie Madeleine se multiplient. Il s’agit d’incarner le sentiment catholique de contrition. Marie Madeleine est un personnage biblique ambigu, à la fois pécheresse, repentante devenue sainte, voluptueuse et ascète, mondaine et ermite. Sa pénitence symbolise le renoncement au monde. Les artistes introduisent dans leurs compositions les éléments des Vanités (crânes, crucifix…) ou des Memento mori (« souviens-toi que tu vas mourir »). Parfois la belle femme est représentée dépouillée presque dénudée, les cheveux lâchés, dans un mélange de sensualité discrète et de piété.
L'église de Longueau ayant été entièrement détruite durant la Guerre de 1939-1945, ce devant d'autel classé au titre des Monuments historiques le 4 janvier 1915 était porté disparu. Il a été retrouvé dans l'église de Mailly-Maillet où il avait dû être mis à l'abri durant les hostilités.