Fragment de panneau peint représentant la Mise au tombeau, XVIe siècle. © Hervé Lewandowski. Centre des monuments nationaux

Fragment de panneau représentant la Mise au tombeau

XVIe siècle
Huile sur bois
H : 78 cm ; L : 26,4 cm ; P : 1,6 cm
Propriété : commune d’Ailly-sur-Noye, église de Merville-au-Bois

La Mise au tombeau est le dernier épisode de la Passion du Christ rapporté par les évangiles canoniques. Ces textes ont posé les bases de la représentation iconographique de cette scène qui s’est mise en place à partir du XIIIe siècle. C’est principalement aux XVe et XVIe siècles que le thème est le plus présent dans l’art religieux européen. Si les codes de la représentation sont fixés par les textes, le thème de la Mise au tombeau a été particulièrement adapté par les artistes qui ont joué de l’expression des sentiments humains, de l’expressivité des gestes, de l’émotion des visages, de l’accentuation de la dramaturgie par le jeu des drapés ou de la lumière pour différencier leur production. Les textes mentionnent la présence de cinq personnages autour du corps du Christ. Joseph d’Arimathie, généralement placé à la tête du Christ, Nicodème, plutôt aux pieds, sainte Marie Madeleine, à ses côtés, deux saintes femmes. L’adjonction de la Vierge, absente des textes, est une invention des artistes. Incarnant la tristesse ou la douleur, elle est généralement soutenue par saint Jean. En dehors de ces figures, d’autres ont été ajoutées par les artistes, souvent dans un souci d’équilibre et de symétrie de la composition. On trouve donc parfois des soldats, des anges ou encore les figures de donateurs et de commanditaires.
De cette Mise au tombeau, nous ne conservons qu’une partie. Nous ignorons quels autres personnages entouraient le Christ. Nicodème, en arrière-plan, les mains jointes, ne regarde pas Joseph d’Arimathie qui s’apprête à soulever l'imposant corps du Christ placé dans un linceul. La tête renversée en arrière dans un raccourci parfaitement maîtrisé montre le Christ, yeux clos et bouche entrouverte. Un jeu d’ombres et de lumières restitue subtilement les volumes du corps.
Les personnages se détachent sur un fond uni, aucune allusion au sépulcre. Seule la lumière scintillante d’une chandelle vient troubler la solennité du moment. Elle diffuse une lumière chatoyante qui fait vibrer les tons chauds de roses et de jaunes.
Cette œuvre, d’une grande qualité d’exécution, rassemble tous les composants stylistiques propres à la peinture italienne du XVIe siècle. La ligne et la couleur se réconcilient dans une bienfaisante harmonie, le dessin disparaît au profit de la modulation chromatique des contours.

Contributeur(s)