Ciboire d'exposition en argent doré connu sous le nom de ciboire de Norfolk, 1701-1702. © Hervé Lewandowski. Centre des monuments nationaux

Ciboire d’exposition

Argent doré
1701-1702
H : 56,5 cm
Classé au titre des Monuments historiques le 27 mars 1998
Propriété : État

Poinçon de l’orfèvre Anthoni Le Pies / Lepies (1647-1736) : une ancre et la lettre P
Poinçon de la ville d'Anvers : main couronnée  
Poinçon de date de 1679-1680 : lettre Y couronnée

L’exposition de la sainte Eucharistie se fait soit avec le ciboire, soit avec l’ostensoir. Un ciboire est composé de quatre parties : le pied qui assure la stabilité, le nœud qui sert à sa préhension, la coupe pour recevoir les saintes hosties, et le couvercle pour la conservation de celles-ci. Les hosties consacrées par le prêtre durant la cérémonie eucharistique sont ensuite offertes aux fidèles au moment de la communion. Lorsque le ciboire est rempli de saintes hosties, il est couvert du pavillon, un tissu blanc coupé en cercle, brodé et muni d’une petite ouverture au centre, par laquelle passe la croix qui surmonte le couvercle. Le tout est ensuite enfermé dans le tabernacle où elles seront préservées.
Celui qui est présenté ici est constitué d'un pied polylobé sur lequel sont gravés, au milieu d’un décor baroque, trois cimiers de la famille Howard. À la base de la tige se trouvent trois têtes de chérubins surmontées d’un nœud en forme de vase Médicis. La fausse-coupe est ornée d’un décor de feuilles d’acanthe au milieu desquelles alternent trois figures portant respectivement un calice surmonté d’une hostie (la Foi), une ancre (l’Espérance) et un cœur enflammé (la Charité). Il s’agit des symboles des vertus théologales. La devise « sola virtus invicta » accompagnée des armes du duc Henry Charles Howard (1791-1856), treizième duc de Norfolk depuis 1842, gravée a posteriori, est inscrite sur une banderole au pied de l’écu. Ce vase sacré est coiffé d’un couvercle à étages orné de coquilles et de cuirs découpés et enroulés. Celui-ci est surmonté d’une imposante couronne royale portée par trois angelots, sur laquelle un pélican aux ailes déployées vient nourrir ses petits, symbolisant la Passion subie par le Christ pour le rachat de l’humanité.
Encore très empreinte du style du XVIIe siècle, cette œuvre anversoise remarquable impressionne autant par ses dimensions que par sa composition.
Ce ciboire a été donné en 1853 par le duc de Norfolk à Mgr Antoine de Salinis qui le donna à son tour en 1856 au trésor de la cathédrale d’Amiens.

En savoir plus sur l’orfèvre Anthoni Le Pies

Sébastien Tercelin et Nanette Claessens (conservatrice honoraire au musée d'orfèvrerie à Anvers) ont identifié l’orfèvre Anthoni Le Pies / Lepiesé né à Bruxelles en 1647 qui s'appelait alors Le Piege. Il travailla comme orfèvre à Anvers, où il devint citoyen en 1672. Cette année-là, il épousa Anna van Elst puis épousa plus tard Catharina Crispijn et enfin Dymphna van Deuren, sœur de l'orfèvre Matthias van Deuren (1692-1764). Il mourut en 1736. Ses fils Jan Anthoni (1673-1731) et Balthasar (1677-1746) étaient également orfèvres. La lettre Y revient tous les 22 ans. Un ciboire stylistiquement proche est signalé : http://balat.kikirpa.be/photo.php?path=KM003772&objnr=29026&lang=fr-FR&nr=21

Contributeur(s)