Châsse dite de saint Firmin, 1236. © Hervé Lewandowski. Centre des monuments nationaux

Châsse dite de saint Firmin

1236
Âme de bois revêtue d’argent, cuivre doré, émaux champlevés, cabochons et filigranes
H : 75 cm ; L : 45 cm ; P : 34 cm
Classée au titre des Monuments historiques le 6 février 1902
Propriété : État

Exécutée en 1236 par un atelier mosan, cette châsse provient de l’église de Meldert en Brabant (Belgique). Elle renfermait les restes de l’abbesse sainte Ermelinde, vierge royale du pays. En 1846, la paroisse de Meldert la mit en vente ; elle fut achetée par des Anglais, sans doute pour le compte du duc de Norfolk qui en fit don à la cathédrale en 1850. Mgr Antoine de Salinis (évêque d’Amiens de 1849 à 1856) y transféra en 1851 les reliques de saint Firmin le Martyr, premier évêque d’Amiens, sauvées à la Révolution. En 1792, la vieille châsse en or offerte par l’évêque Thibaut d’Heilly (évêque d’Amiens de 1169 à 1204) avait été envoyée à la monnaie et fondue. Après la Révolution, les reliques furent déposées dans une châsse en bois doré du XVIIe siècle provenant du couvent des Capucins d’Amiens, toujours conservée à la cathédrale. Cette châsse revêt la forme classique d’un sarcophage en bâtière. La crête et les bulbes du toit ont été restaurés au XIXe siècle. Les deux rampants du toit offrent un motif identique représentant le Christ et saint Pierre assis. Des colonnettes soutiennent le toit et encadrent le collège des douze apôtres. Sur chaque face, six apôtres nimbés sont assis sous des arcatures dont les écoinçons montrent des anges à mi-corps. Les rampants du toit, découpés en caissons rectangulaires, offrent un motif identique, sauf légères variantes. Le Christ et saint Pierre y sont représentés en conversation. Aux pignons se trouvent le Christ bénissant et une sainte nimbée, probablement l’abbesse Ermelinde. Elle remplace probablement une statuette de la Vierge assise qui faisait pendant au Christ.

Parmi les techniques de décor employées figure l’émail champlevé. Pratiqué surtout au Moyen Âge en Limousin et dans les régions rhéno-mosanes, cette technique consiste à creuser des cavités dans le cuivre pour y déposer de l'émail en poudre, qui subit ensuite une cuisson. Des cabochons, des filigranes, des rinceaux, des trèfles participent également au décor de la châsse. La châsse de saint Firmin constitue une pièce majeure du trésor d’Amiens. Elle peut être rapprochée, en raison de la présence de ces émaux, des châsses mosanes du deuxième tiers du XIIIe siècle et plus particulièrement de celle de Notre-Dame de Huy.

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