Le 10 janvier 1715, jour de la fête de Saint-Firmin-le-Confesseur, l’évêque d’Amiens Pierre de Sabatier (évêque de 1706 à 1733) fit ouvrir la châsse médiévale dudit saint conservée dans la cathédrale. Cette châsse en argent doré datait de 1279, année où l’évêque Guillaume de Mâcon (évêque de 1278 à 1308) avait effectué la translation des reliques de saint Firmin le Confesseur dans une nouvelle châsse, en présence du roi de France Philippe III le Hardi et du roi d’Angleterre Edouard Ier. En 1715, l’ouverture de la châsse et l’expertise médicale des ossements qu’elle contenait avaient pour but de mettre un terme aux violentes polémiques qui agitaient le diocèse d’Amiens depuis 1697, concernant l’authenticité des reliques de saint Firmin le Confesseur vénérées dans la cathédrale. Les chanoines réguliers de l’abbaye de Saint-Acheul prétendaient en effet détenir le corps du saint évêque d’Amiens dans un antique sarcophage découvert sous le chœur de leur abbatiale en 1697. Différents libelles furent alors publiés anonymement, démontrant l’identité du corps du saint trouvé à Saint-Acheul, suivis de réfutations de l’évêque et du chapitre de la cathédrale. Ces querelles, teintées de luttes anti-jansénistes, montrent l’émergence au sein de l’Église, en ce début du XVIIIe siècle, d’un esprit critique sur l’authenticité des reliques. La châsse refermée retrouva finalement sa place sur la tribune aux reliques de la cathédrale et, en 1716, le Parlement de Paris rendit un arrêt en défaveur des chanoines de Saint-Acheul.

Transcription

Etat des ossemens qui se sont trouvés en la chasse de saint Firmin le Confesseur, dont l’ouverture a été présentement et publiquement faite suivant et en conséquence de l’ordonnance de Monseigneur l’Evêque d’Amiens en datte du deux du présent mois de janvier mil sept cens quinze.

Premièrement l’avant-bras tout entier, dit en latin humerus.
Un autre avant-bras. L’os de la cuisse, dit femur.
Plusieurs fragmens des côtes, l’omoplate ou paleron, le petit os du bras.
Deux fragments du femur.
Un autre os de l’omoplate en fragment.
Un fragment de la côte, deux autres fragmens du femur.
Un fragment de l’os du bras.
La rotule du genoüil.
Un autre fragments de l’omoplate, avec une quantité considérable d’autres fragmens, entre lesquels il y en a de toute la tête, notamment du crane, des vertèbres, de l’épine du dos et des lombes, des os des isles.
Et l’on peut conjecturer qu’il y en a de toutes les parties du corps, ce qui n’est pas aisé à distinguer, à cause que ces fragmens sont brisés et ainsi défigurés.
Dans le suaire où étoient ces ossemens se sont aussi trouvés deux paquets de toile, dans l’un desquels, et le plus petit, étoient plusieurs fragmens d’ossemens humains, et une bande de velin large d’un demy doigt avec cette inscription hec sunt reliquie sancti Firmini Confessoris et dans l’autre beaucoup plus grand, contenant quantité de cendres en poussière, et des petits fragmens avec une bande de velin semblable à l’autre où étoit cette inscription : pulvis sancti Firmini Confessoris.

Nous Jean Baptiste Mouret, docteur en médecine de la faculté de Montpellier et doyen des médecins de cette ville, et Jean Baptiste Jolibois, maître chirurgien juré de cette ditte ville, certifions que le contenu en l’état présent est véritable. En foy de quoy nous avons signé en la ditte cathédralle ce dix janvier mil sept cens quinze.

Jean Baptiste Mouret
Jean Baptiste Jolibois
Dehen