Élément de retable en bois sculpté polychromé de la fin du XVIe siècle figurant la mise au tombeau du Christ. © Hervé Lewandowski. Centre des monuments nationaux

Mise au tombeau du Christ

Élément de retable
Fin du XVIe siècle, Picardie
Bois sculpté polychromé
H : 48,5 cm ; L : 56 cm
Classée au titre des Monuments historiques le 21 mars 1967
Propriété : Association diocésaine d’Amiens

Ultime épisode de la Passion et de la mort du Christ, la Mise au tombeau proprement dite n’est relatée que de manière allusive par les Évangiles canoniques. Une lecture synthétique de ces sources nous apprend que Joseph d’Arimathie a obtenu auprès de Pilate le corps de Jésus, qu’il l’a enveloppé dans un linceul blanc et l’a déposé, en présence de Nicodème, dans un sépulcre neuf qu’il s’était fait tailler dans le roc. En tant que témoins de l’événement, seules Marie Madeleine et une autre Marie sont mentionnées.
La représentation qu’en offre cette pièce de bois polychromée et sculptée en haut relief rend tangible l’intensité dramatique de la scène. Dans un parfait équilibre, la composition s’ordonne autour du corps inanimé du Christ que Joseph d’Arimathie et Nicodème s’apprêtent à ensevelir dans un sarcophage orné d’arcatures. Les deux personnages positionnés de profil aux deux extrémités du monument, se regardent dans un face-à-face impressionnant. Ils soutiennent dans un linceul blanc le corps du Christ légèrement incliné sur le côté, tête retombant sur l’épaule, jambe droite repliée passant par-dessus la jambe gauche, bras gauche pendant dans le vide. Près de la tête du Christ, Joseph d’Arimathie est aisément identifiable grâce à la bourse attachée à sa ceinture pour rappeler qu’il assure la dépense de la sépulture. L’intensité émotionnelle qui se dégage des deux porteurs n’est pas sans rappeler la Mise au tombeau de provenance amiénoise, objet d’un dépôt des musées du Mans (inv. 52.8.108), et exposée au Musée de Picardie.
Placée à l’arrière-plan, sainte Marie Madeleine, figurée sous les traits d’une belle jeune femme, étreint de ses mains le poignet droit du Christ et s’incline pour déposer un baiser sur sa main. Cet ensemble était très probablement complété par la Vierge, saint Jean et d’autres saintes femmes que les sources évangéliques signalent sur le mont du Golgotha auprès de la croix.
Ce relief occupait peut-être l’un des volets latéraux d’un grand retable consacré à la Passion à moins qu’il n’ait constitué à lui seul un petit retable destiné à la dévotion privée. L’œuvre, d’une grande qualité d’exécution, déploie tous les ingrédients stylistiques propres aux réalisations de la fin du XVIe siècle : réalisme des attitudes et de l’anatomie, richesse et raffinement des vêtements rehaussés de peinture dorée, finesse élégante de Marie Madeleine.

Contributeur(s)