L’offensive allemande du 21 mars 1918 et les bombardements incessants sur la ville d’Amiens obligèrent le secrétariat d’État aux Beaux-Arts à évacuer toutes les œuvres de la cathédrale qui pouvaient l’être loin du théâtre des opérations militaires. C’est ainsi que furent évacuées par le Service de protection et d’évacuation des œuvres d’art (zone du front Nord), dirigé par le lieutenant Fernand Sabatté, les œuvres conservées dans la salle du trésor et dans la sacristie. Des inventaires consignèrent soigneusement chaque pièce et la section photographique du Service de protection fut chargée de conserver la mémoire des opérations. Le trésor gagna d’abord le dépôt d’Abbeville, dans l’ancien couvent des Eudistes, puis la chapelle du collège des Jésuites à Eu. C’est là, devant le monument funéraire de Catherine de Clèves, que furent photographiés la châsse de saint Firmin, le grand ciboire d’exposition offert par le duc de Norfolk, la crosse de Mgr Boudinet et divers autres vases sacrés. Les ornements liturgiques furent déposés à Beaupréau (Maine-et-Loire), le chef-reliquaire de saint Jean Baptiste fut mis en sûreté dans le diocèse de Saint-Brieuc et la croix du Paraclet à Rouen.

Dès septembre 1939, quelques semaines seulement après la déclaration de guerre, l'administration des Monuments historiques, procéda à la mise à l'abri et à l'évacuation des pièces les plus précieuses du trésor. Le chef de saint Jean Baptiste, abrité dans les locaux de la Banque Lenoir et Bernard à Amiens, fût transféré en 1940, avec les avoirs de la banque, dans la cité thermale de La Bourboule (Puy-de-Dôme).