Les reliques de saint Firmin le Martyr, fondateur du diocèse d’Amiens au début du IVe siècle, ont toujours occupé la place d’honneur parmi toutes les reliques vénérées à la cathédrale. La châsse qui les abritait était au centre de la grande tribune aux reliques dans le sanctuaire de la cathédrale, juste derrière le maître-autel. Ce dispositif exista du XIIIe siècle au milieu du XVIIIe siècle. Les clôtures sud du chœur (sculptées entre les années 1490 et les années 1520) sont consacrées à l’apostolat de saint Firmin à Amiens et à l’invention de ses reliques. La dernière niche, qui montre la translation des reliques du saint de Saint-Acheul vers la cathédrale, offre une des rares images de la châsse médiévale. Réalisée sous l’épiscopat de Thibaut d’Heilly (1169-1204), cette châsse en forme de maison, toute en or, était montée sur une âme de chêne bardée de fer, et ornée de pierres précieuses. Elle mesurait approximativement 1,50 m de longueur, sur 41 cm de largeur et 69 cm de hauteur. Sur les murs gouttereaux et la toiture étaient représentées douze petits tableaux à personnages en relief (probablement émaillés) narrant des scènes de la vie du saint, des inscriptions émaillées décrivant chacune de ces scènes. Les deux pignons étaient ornés de la figure du Sauveur et de celle de saint Firmin décollé. Trois pommes d’or, bien visibles sur la sculpture, couronnaient la crête. Elles étaient chargées de perles et de joyaux offerts par les fidèles du diocèse. Autour de la châsse de saint Firmin étaient les châsses des autres saints du diocèse : saint Firmin le Confesseur, saint Honoré, saint Fuscien, saints Ache et Acheul, saints Warlus et Luxor, saint Domice et sainte Ulphe. Couvertes d’étoffes, elles étaient découvertes les jours de fêtes et un imposant luminaire les faisait resplendir. Comme tout le trésor, la châsse offerte par Thibaut d’Heilly fut confisquée lors de la Révolution et envoyée à la fonte. Les reliques furent heureusement sauvées.